Budget 2024 présenté en conseil municipal: notre commentaire

Pour mémoire, rappelons que le budget d’une commune correspond à sa feuille de route sur un an. A priori, s’agissant de La Feuillée, nous pourrions nous contenter d’y jeter un regard distrait, une des grandes spécialités de l’équipe municipale aux affaires étant de s’en désintéresser rapidement, comme nous pouvons le vérifier année après année en consultant le compte administratif de l’exercice écoulé où nous ne trouvons que rarement la trace des « bonnes » résolutions prises 12 mois plus tôt.

C’est comme la promesse de se mettre à la course à pied au 1^er janvier, en règle général ça ne va pas plus loin que l’épiphanie.

Néanmoins, nous devons cependant nous y intéresser car, quand même, ce budget est la traduction des « grandes » ambitions municipales. Ne nous y trompons pas, si beaucoup ne verront jamais le jour, d’autres arriveront poussivement à terme. Il en est ainsi de la MAM, héritage de la municipalité précédente, laborieusement sortie de terre 4 ans plus tard avec le résultat que l’on sait : 1 assistante maternelle pour 3 enfants…

Pour 2024 donc, 937 305 € sont prévus en dépense de fonctionnement (pour faire tourner la commune au quotidien.) A rapprocher des 582 178 € consommés l’année dernière, soit une augmentation de 61%, rien que ça… Quels sont donc les postes de fonctionnement qui impactent si fortement le prévisionnel de la commune ? Pour l’essentiel :

40 000 € d’électricité contre 1 333 € l’année dernière. Il semblerait que EDF nous ai oublié.
31 000 € de location de bungalows « scolaires », ce qui augure mal d’une réouverture prochaine de l’école.
120 000 € pour la réfection de l’école, ce qui signifie quand même qu’elle devrait réouvrir un jour.
15 000 € dédiés notamment à l’entretien du patrimoine (calvaire de Kerelcun, plancher de l’autel de l’église, muret de la place des Marronniers)
35 000 € pour l’entretien de la voirie (crédit qui chaque année nous est largement rendu.)

S’agissant des charges de personnel (55% des dépenses de fonctionnement en 2023) nous noterons avec satisfaction une baisse - à vérifier - des dépenses d’intérim et une augmentation des dépenses de personnel titulaire.

Comment seront financées ces dépenses ? Rappelons qu’un budget de fonctionnement doit être présenté en équilibre ce qui suppose que les dépenses soient intégralement couvertes par les recettes. C’est la loi. Donc les recettes prévues sont-elles aussi de 937 305 €.

D’abord, par un report de 112 188 € « économisés » en 2023 (excédent lié en partie à des dépenses inscrites au budget et non réalisées.)
L’équipe municipale majoritaire escompte que l’assureur couvrira à hauteur de 210 000 € les dégâts causés à l’école par la tempête Ciaran. D’où sort ce chiffre ? D’un engagement ferme de l’assureur ou d’une estimation au doigt mouillé du maire qui évaluait il n’y a pas si longtemps à 200 000 € l’argent nécessaire à la réfection de l’ancienne boulangerie, devenue propriété de la commune en 2023 ?

Sur la partie investissement, l’équilibre recettes/dépenses n’est pas exigé. Le budget 2024 s’affiche donc comme excédentaire de 248 377 €.

749 660 € sont ainsi inscrits au titre des dépenses. En voici les postes les plus importants :

98 400 € pour la réfection de l’appartement au-dessus du bureau de poste.
110 000 € signalé comme « Tempête Ciaran » et dont on suppose qu’ils iront à la réfection de l’école. Ce montant viendrait alors s’ajouter au 120 000 € déjà inscrits pour l’école au titre du « fonctionnement », ce qui nous ferait une ardoise globale de 230 000 € à rapprocher des 210 000 provisionnés au titre de la prise en charge de ce sinistre par les assurances.
21 700 € pour la construction de bâtiments privés (peut être la réhabilitation de l’ancienne boulangerie….)
Encore 68 200 € pour la MAM (+ 5 000 € pour le porche)
18 000 € pour la réfection de la chaussée à Kerelcun.
Et enfin arrive le gros lot de l’exercice : 359 100 € sont inscrits à ce budget 2024 au titre de la 1^ère tranche de la réfection du bourg, c’est-à-dire la portion de voirie qui va de Croas Hir à la route de Berrien en passant par là où vous savez…. Ce projet était déjà inscrit au budget 2023 pour 300 000 € ce qui revient à dire qu’en un an il a déjà enregistré un surcoût potentiel de 20% ! Là s’offrent à nous 2 options : soit nous prions pour que ces travaux se réalisent rapidement pour ne pas les voir inscrits au budget 2025 pour 400 000 €… Soit nous exigeons de la municipalité qu’elle renonce à ce projet et réfléchisse en concertation avec l’ensemble de ses administré-e-s à un investissement qui réponde à un réel besoin (une réorientation des pratiques énergétiques de la commune vers le renouvelable, un réaménagement de la place des Marronniers pour en faire un lieu de vie et de rencontre plutôt qu’un parking, la réhabilitation du patrimoine bâti existant et délaissé vers un usage public (maison des associations, local jeunes…) et/ou la construction ou la réhabilitation de logements sociaux, l’installation d’équipement de plein air pour nos jeunes (pistes de skate et de bike, terrain de basket, de rugby…)… Bref, nous préférons l’embarras du choix, le débat, plutôt que la promesse du bitume. C’est en tout cas l’option clairement choisie par « Agir Ensemble »…

Et par quelles recettes seront couvertes ces dépenses ? D’abord par un jeu d’écriture : l’argent non dépensé en 2023 se retrouve réinvesti sur le budget « investissement » en 2024 : 100 000 € en provenance de la section « fonctionnement » (un chiffre probablement inexact, plus proche des 60 000 euros selon nous) et 206 011 € d’investissements non réalisés l’année dernière. Quitte à nous répéter, cette manne ne vient pas de rentrées d’argent providentielles mais de dépenses budgétaires votées en 2022 par l’équipe majoritaire et que cette même équipe n’a pas su mener à bien en 2023.

Par ailleurs, le maire et son équipe, pour conduire jusqu’à leur terme ces projets d’investissement, y compris la 1^ère tranche de la réfection du bourg, espèrent en des subventions en provenance d’un peu partout pour un montant de 599 612 €. Déjà l’année dernière, sur les 614 370 € de subventions escomptés, seuls 155 259 € (25% !) étaient effectivement rentrés dans les caisses de la commune. Comme un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras », nous pensons que la municipalité devrait se montrer plus prudente au moment d’évaluer la générosité de ses « bienfaiteurs », qu’ils soient assureurs ou institutionnels. Il en va de la fiabilité financière de ses projets…

Replaçons d’abord l’école au centre du village avant de fantasmer sur des Champs-Elysées feuillantins.